Conditions de travail à l’hôpital : on attend quoi ?
Enfin, la ministre de la santé a diligenté l’organisation de consultations dans l’objectif de lancer une Stratégie Nationale de la Qualité de Vie au Travail (QVT).
La Fédération CFDT Santé Sociaux a été reçue avec d’autres organisations syndicales le lundi 14 novembre 2016 par la DGOS. La CGT et SUD étaient absents. Nous avons exigé des mesures urgentes à mettre en place pour enrayer la spirale vertigineuse de la dégradation des conditions de travail dans les établissements de santé.
La CFDT Santé Sociaux a revendiqué :
- La déclinaison de l’ANI QVT de juin 2013 dans les établissements de santé
- Un accord cadre national pour impulser la dynamique
- L’ouverture de négociation locale dans tous les établissements pour mettre en place des plans d’action
- Un dialogue social local débouchant sur des accords opposables
- La généralisation d’espace pour permettre l’expression des professionnels et en tenir compte dans les plans d’action qui seront négociés
- L’appui et l’aide à la bonne conduite des entretiens individuels
- L’évolution des services de santé au travail avec la mise en place d’équipes pluridisciplinaires.
Les consultations se sont déroulées sur une semaine où tous les acteurs de la santé ont été reçus. La ministre s’est engagée à faire une déclaration d’ici la fin novembre sur le lancement de cette stratégie nationale QVT. Toutefois, sans moyens humains en cohérence avec l’augmentation de l’activité, les professionnels continueront à souffrir. Il s’agit maintenant de passer aux actes et vite. Les conditions de travail peuvent être améliorées à condition de donner les moyens nécessaires à tous les niveaux : national, régional et local. Depuis 2011, la CFDT Santé Sociaux le dénonce. Les conditions de travail ne sont plus tenables à l’hôpital. La CFDT n’attendra plus.
La ministre de la santé a lancé, lundi 5 décembre 2016, le 1er volet de la Stratégie nationale d’Amélioration de la Qualité de vie au travail qui concernera les professionnels médicaux et non médicaux exerçant en établissements de santé et médico-sociaux. Le 2ème volet prévu en début d’année prochaine concernera les professionnels libéraux.
Cette stratégie se détermine en 3 axes et 10 engagements :
1er axe : Donner une impulsion nationale, pour porter une priorité politique.
C’est le volet des dispositions à mettre en œuvre au niveau national. Cela passera notamment par :
− Une gouvernance nationale du schéma pilotée par un chef de projet attaché à la DGOS ;
− Un observatoire national de la QVT et des RPS ;
− la médiation pour régler les conflits internes au local, en régional et en national avec nomination d’un médiateur ;
− L’intégration dans la formation initiale des médicaux, paramédicaux et directeurs d’établissement d’un module sur la QVT et les RPS ;
− La préparation du management par de la formation adaptée à la QVT, aux RPS et à la gestion des conflits ;
− L’évolution de la médecine du travail avec la mise en place d’équipes pluridisciplinaires ;
− Une négociation sur l’évolution des sujétions particulières liées aux rythmes de travail.
2ème axe : Améliorer l’environnement et les conditions de travail des professionnels au quotidien.
Cet axe vise les améliorations à mettre en place ou à conforter pour les professionnels. Les engagements portent sur :
− L’intégration dans le projet social d’un volet QVT consacré à l’ensemble des professionnels ;
− La création d’une sous-commission QVT dans les CME pour les personnels médicaux ;
− La généralisation des baromètres sociaux ;
− L’organisation d’un rendez-vous annuel dédié aux conditions, à l’organisation du travail et à la QVT ;
− La mise à disposition par l’ANAP d’outils simples permettant d’évaluer la charge en soin ;
− Le renforcement de la sécurité des professionnels au travail ;
− La systématisation de réunions d’équipes de proximité ;
− L’amélioration de la synchronisation des organisations de travail médicales et non médicales ;
− La généralisation de l’entretien annuel individuel pour chaque personnel paramédical et médical ;
− La concertation avec les professionnels pour trouver les modalités permettant d’assurer la continuité du service face à l’absentéisme de courte durée ;
− L’encouragement du développement des offres de services sur le lieu de travail.
3ème axe : Accompagner les professionnels au changement et améliorer la détection des RPS.
Dernier axe à déployer dans un contexte d’évolution, de mutation du travail, de restructuration pour préserver les professionnels lors de ces transitions qui devront se décliner par :
− Le déploiement d’une charte de l’accompagnement des professionnels en cas de restructurations ;
− L’organisation d’information et de sensibilisation aux évolutions du système de santé ;
− La généralisation des méthodes de co-développement, de coaching et de mentorat pour l’encadrement ;
− La formation des faisant-fonctions de cadres et leur accompagnement ;
− Une appropriation facilitée des outils de gestion informatisée des plannings ;
− La proposition aux cadres de parcours pour la 3ème partie de carrière ;
− L’amélioration de la détection des RPS ;
− La mise en place d’un dispositif d’écoute téléphonique offrant un soutien psychologique ;
− La mise en place d’analyses des pratiques professionnelles et de groupe d’expression ;
− L’amélioration du recueil et l’analyse des évènements indésirables graves dont les suicides.
La CFDT Santé Sociaux ne peut que se satisfaire de ce schéma national qui reprend en grande partie les propositions que nous avions faites au ministère dès 2011. Il aura fallu de la patience et de la ténacité pour qu’enfin elles soient reprises dans ces engagements.
Mais il faudra encore beaucoup de persévérance pour que l’ensemble de ces dispositifs deviennent des réalités dans les établissements et surtout que les agents en mesurent les effets positifs.
La CFDT Santé Sociaux va poursuivre son travail, à tous les niveaux, pour que chacune des mesures se transforment en acte concret au bénéfice de l’amélioration des conditions de travail de l’ensemble des professionnels.